Cider with Laurie

14 avril 2006

La solitude de la ténorette

J'avais une amie qui disait que les expressions populaires étaient basées sur la réalité. Genre "avoir plein le dos" de quelque chose et en avoir effectivement mal au dos, faire une crise d'asthme parce que quelqu'un vous "pompe l'air" .....
Quand j'ai eu une envie irrésistible de me remettre à chanter cela devait en effet correspondre à "il faut que je prenne l'air" (au propre et au figuré).
J'ai baigné depuis ma plus tendre enfance dans une atmosphère musicale, mes parents étant amateurs de musique classique et ma mère étant au foyer. De plus même quand cela a été plus répandu, nous n'avions pas la télévision. Ma mère chantait ou sifflait tout le temps, je l'ai même entendue chanter en se lavant les dents !!!!
Chanter est une envie que j'ai toujours eue, mais je n'avais jamais concrétisé la chose jusqu'à ce que des amis, alors que nous habitions près de Toulouse, me proposent de rejoindre leur chorale. Ayant fait deux ans de guitare classique, je savais à peu près lire le solfège (j'ai encore des soucis avec la clé de fa :) ), et j'ai sauté sur l'occasion. Mes garçons n'étaient guère plus vieux que sur la photo ci-dessous, et il fallait par conséquent que leur père, qui travaillait en dessous de là où nous logions, remonte à temps pour les garder. Je crois bien qu'il ne s'est pas passé une semaine sans que j'aie à lui téléphoner pour le lui rappeler.... J'ai abandonné au bout d'un an, lasse d'avoir à quémander ma liberté, à renoncer aux répétitions à coups de "Oui, je monte dans 2mn" qui se muaient en heures ....
Ensuite nous sommes partis à La Réunion, puis revenus à St Brieuc, et là mon subconscient a du pousser un coup de gueule et s'expliquer virilement avec mon conscient, parce que j'ai décidé unilatéralement il y a 10 ans que puisque les garçons se gardaient désormais tout seuls, j'allais de nouveau chanter !
J'ai levé mon nez et trouvé un chœur qui m'allait bien au point de vue répertoire, et j'ai recommencé avec bonheur à m'exprimer par ce moyen. Je ne peux pas dire que les encouragements familiaux aient été débordants, mon ex n'est jamais venu à nos concerts, mais bon, chacun ses goûts, et c'était mon loisir à moi (oui, je sais, moi j'ai passé des années sur les terrains de vol à voile, pour lui faire plaisir ...).
Au fil des déménagements j'ai retrouvé un chœur à Nantes, puis arrivée à Paris j'ai un peu cherché, entre un recommandé par un nantais, mais peu accueillant et dans Paris, puis celui de ma ville, dont la chef était caractérielle et nous engueulait carrément, j'ai fini par atterrir dans l'actuel. Sa présidente était de la même promo que moi à l'école d'ingé, et à une réunion d'anciennes, nous en sommes venues à parler notes et portées. Comme quoi le hasard fait bien les choses !
Donc depuis 3 ans tous les jeudis je me propulse à Viroflay pour me régaler de messes de Gounod ou de Rossini, de lieder de Brahms et autres morceaux proposés par notre chef de chœur qui sait être exigeant (il faut) sans jamais être désagréable ni se départir de son calme et de son sourire (bel exploit)....
Hier soir toutefois, la semaine sainte et les vacances aidant, nous étions remarquablement peu nombreux. Quelques femmes (soprani et alti), et pour les pupitres d'hommes deux basses et ..... bibi, (qui ne peux toujours rien faire comme tout le monde et qui chante ténor).
Eh bien je peux vous dire que même si le pupitre est peu fourni d'habitude (les chœurs manquent toujours cruellement de voix d'hommes, d'où mon virage de cuti il y a quelques années), avoir 3 ou 4 copains qui chantent la même chose que vous tout autour, ça aide sacrément ! Grand moment de solitude :))) On pourra toujours dire que ça pousse à se dépasser, je me demande comment font les solistes .....

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