Cider with Laurie

05 avril 2006

L'eau

Bien que je sois née dans les coteaux du Layon, (berceau comme chacun sait d'un vin blanc moelleux dont même certains Bordelais m'ont dit qu'il était meilleur que le sauternes sur du foie gras, par exemple, mais aussi idéal pour l'apéritif), j'ai depuis toujours une prédilection pour l'eau.
Mon grand père paternel ayant eu la riche idée d'acheter une maison sur la plage en Bretagne alors que ce n'était absolument pas encore la mode, en 34, je crois, (faut croire que je tiens mon goût de ne pas faire comme tout le monde de pas mal de mes aïeux), j'ai pu admirer dès mon plus jeune âge la vue dont je vous fais profiter ci dessus. Et je vous en remets une ci dessous, trop belle !


J'ai appris à nager quasiment en même temps qu'à marcher, et je me souviens des ukases maternels de plus en plus véhéments depuis le bord de la plage pour essayer de me faire sortir de l'eau à des heures raisonnables.... J'ai passé presque toutes mes vacances dans cette maison. Lire et dorer, converser et broder tout l'après midi sur la terrasse en surveillant les enfants. Observer le rivage, algues et rochers à marée basse, plénitude aux mille facettes à marée haute.
S'endormir l'été la fenêtre ouverte sur la nuit, avec le bruit des vagues et des étais qui claquent au vent sur les mâts, avec portée par la brise l'odeur de la mer et des algues, et du sable chauffé au soleil toute la journée, avec le calme qui succède à l'agitation et aux cris des baigneurs, aux vagues bleues couvertes de planches à voile et de bateaux, c'est un vrai bonheur, les câlins en sont sublimés !
Mais l'hiver aussi la mer est captivante, verte, mouvante, le soleil saupoudrant des taches claires à travers les nuages, l'odeur d'iode présente dans le vent qui vous fouette le visage, vous emmêle les cheveux au long des promenades emmitouflées sur la falaise ....

Je ne trouve rien de plus beau qu'un océan, un lac, une rivière, même une mare dans un coin du paysage. L'atmosphère en est métamorphosée, la lumière et l'odeur aussi. J'ai marché tous les vendredi matins avec des amies le long de l'Erdre pendant mes 4 ans nantais, le paysage changeant au fil des saisons, les conversations paisibles meublant ces moments hors du temps. J'ai aussi appris pendant ces 4 ans l'art japonais de l'ikebana, où l'on compose des bouquets dont les contenants sont aussi importants que les contenus et où la surface de l'eau joue un rôle capital dans les coupes aux couleurs liquides.

J'aime la pluie, même en ville, les ruisseaux des caniveaux, les trottoirs luisants des lumières des vitrines, les gouttes sur le pare-brise, les feuilles des arbres qui laissent s'écouler leur trop plein de fraîcheur. Mais aussi à la campagne, l'odeur exacerbée de la terre qui l'absorbe, le vert de la végétation qui chante, les perles sur les fleurs, les vaches imperturbables.

J'aime l'eau dans mon verre, avec ou sans bulles, mais à température ambiante. J'ai toujours trouvé que l'eau trop froide avait un goût différent que justement moi je n'aime pas.

J'aime les bassins dans les parcs, les jets d'eau irisés de soleil qui vous aspergent au détour d'un coup de vent facétieux, et douchent les poissons rouges en bancs affairés. J'aime l'eau des canaux tout calmes bordés d'interminables files de platanes, où nous allions voir écluser les péniches des estivants avec mes deux petits gars, à Toulouse et près de Narbonne.

J'ai aimé l'océan Indien tout autour de La Réunion, que nous voyions briller de notre maison des hauts de St Denis. Le lagon turquoise, l'assaut des vagues sur la côte sud, les cascades majestueuses, les rivières, à sec la plupart du temps, transformées en torrents dévastateurs par les cyclones. Les rues de St Denis à la saison des pluies, sous les flamboyants, de l'eau jusqu'aux chevilles en l'espace d'une demie heure.

Mes grands parents maternels, après avoir quitté la maison dont le Layon baignait le fond du jardin, s'étaient installés plus près d'Angers au bord d'un bras de la Loire. Parce que la rivière avait une nette tendance à s'inviter dans le jardin en hiver, la maison était surélevée du côté rivière tout en étant au niveau de la rue de l'autre côté. Des fenêtres côté jardin on voyait très loin sur la rivière, jusqu'à une sorte de falaise qui l'obligeait à dévier. Les couchers de soleil y étaient féeriques, toutes les couleurs se reflétant dans l'eau verte, la chaleur du jour, l'été, laissant place à la fraîcheur humide, parfumée des herbes de la rive, de la vase douceâtre, des fleurs du jardin ..... Toute la douceur angevine.

Peut-être est-ce parce qu'elle est tant liée à mon enfance, que l'eau m'est toujours apaisement et source de bonheur .....

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