Cider with Laurie

30 juin 2006

Goûts dépravés

... ou comment griller sa répute vite fait auprès du petit personnel

Nous travaillons en sous-traitants pour un client en Irlande, qui vend ensuite notre produit couplé au sien aux 4 coins de la planète, dont l'Afrique du sud.
Malheureusement nous ne nous déplaçons pas, ni en Irlande (dommage, j'adore la Guinness), ni au Cap, ni en Malaisie, ni ailleurs.

Le client end user africain du sud est rude : "Ca marche pas, c'est forcément votre code, débrouillez vous pour corriger, vite !" (même si ça vient de chez eux ou s'ils ont fait le contraire de ce qu'on a écrit dans le manuel). Au fil des nombreux dénouages de problèmes (vite !) nous avons développé de très bonnes relations avec le relais local de notre client irlandais, le Local Office Engineer du Cap, efficace et coopératif, lui, et il se trouve que ce brave garçon était ces temps ci en voyage européen avec son épouse, et cette semaine à Paris. Nous avions concocté de nous voir, pour mettre des visages sur les voix et les mails.

Donc coup de fil mardi après midi, "Nous sommes au Panthéon, est ce que ça vous va de passer prendre un café ?" (enfin, en afriquedusudien).
Aussitôt dit aussitôt (presque, faut traverser la moitié de Paris) fait, et nous voilà tous quatre, ma chef/collègue et néanmoins amie et eux deux, papotant joyeusement à une terrasse de café.

Le garçon arrive, caricature de sa catégorie socio-professionnelle, THE garçon-de-café-parisien-sur-un-lieu-hautement-touristique, plein de supériorité et de morgue devant cette table non francophone. Il s'enquiert de nos désirs, en français, sur le ton de celui qui se dit "Faudra qu'ils fassent un effort parce que je ne vais certainement pas me mettre à parler autre chose pour leur faire plaisir, à ces ploucs !". Ambiance posée....

Mon amie se tourne vers lui et commande, dans un français qu'on dirait presque que c'est sa langue maternelle, deux cafés crèmes pour nos visiteurs, et un demi panaché bien blanc pour elle (pour ceux qui ne sauraient pas, c'est de la bière avec beaucoup de limonade).
Tête décomposée du garçon : "Ah noooon, on fait pas ça à de la bière !". Ben si....

Il se tourne vers moi et je lui demande tranquillement un lait fraise (ben oui, c'est mon vice caché, enfin, un de mes vices cachés, j'ai toujours aimé ça). Là il n'a pas même pas commenté, mais son air d'abord incrédule puis dégoûté était éloquent, et le reste du service a été vraiment minimal.....

Par contre la note a été salée, ça donne de la valeur au lait et au café, d'être bus près d'un monument célèbre !

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